« Agnutmaqan (Stories) from Mi'kma'ki » – Une discussion virtuelle importante
Le 13 novembre 2020, une discussion virtuelle « Agnutmaqan (Stories) from Mi'kma'ki » a eu lieu. Ce webinaire était modéré par notre professeure Tasha Beeds, activiste pour la protection des eaux, et Sylvia McAdam Saysewehum de Idle No More, qui discutaient avec deux défenseuses Mi’kmaq de l’eau et de la terre: Dorene Bernard de Sipekne'katik Nation et Tara Lewis de Eskasoni Nation. Cet événement était possible grâce à la collaboration et les commandites des parties suivantes : le Département d’Indigenous Studies de l’Université de Sudbury, l’institut Indigenous Legal Orders Institute de University of Windsor, la faculté d’Education et le bureau Indigenous Initiatives de Queen’s University, et le département de Canadian Studies de Dalhousie University.
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Plusieurs participants de divers coins du pays se sont branchés pour écouter cette discussion valable. Des histoires importantes ont été partagées, entourant les conflits récents sur les droits de pêche dans l’est du pays. Les participants étaient engagés et avaient même trop de questions pour tout répondre. Le tout s’est déroulé en anglais, alors les citations suivantes sont traduites. |
Des expériences et observations personnelles ont été partagées, plusieurs sur l’intimidation, le racisme et les injustices vécues. « Il y avait environ cent pêcheurs non autochtones qui s’approchaient, et on était seulement quelques défenseurs sur le terrain – quand le tout a commencé – et certaines des femmes s’exclamaient “appelez le 911 – tout le monde, appelez le 911”, en essayant de se faire entendre. C’était épeurant. Tout ce qu’on avait pour se défendre, c’était nos téléphones pour diffuser en direct, pour montrer aux gens ce qui nous arrivait. C’était notre défense; c’était la façon qu'on pouvait se défendre, » partage Tara Lewis, une des invitées. « Ça n’aurait pas dû arriver, surtout en 2020, » continue-t-elle.
Des questions et enjeux importants ont été soulignés tout au long du webinaire. Toutes les femmes ont exprimé que ce sont les terres et les eaux de leurs ancêtres et que « c’est notre responsabilité culturelle et inhérente de protéger la Terre mère, l’eau, et l’environnement pour nos futures générations, » a précisé Dorene Bernard. Elles ont souligné comment les peuples autochtones veulent continuer à nourrir leurs familles et ont un droit inhérent au sein de leurs nations respectives à la souveraineté et l’autogouvernance; d’avoir leurs propres règlements, principes, juridictions, et plus.
« Nous sommes allés à la Cour suprême du Canada afin que ces droits issus de traités soient reconnus et confirmés – devant les plus hauts tribunaux de ce territoire – et nous devons encore nous battre pour le droit de pêcher et chasser, et pourquoi? » déclare Dorene, Aînée et défenseuse des eaux. « C’est inscrit dans la Constitution, la loi de ce terrain au Canada, et pourtant nous luttons encore tous les jours pour le droit de vivre et d’être Autochtone sur nos propres territoires, dans notre propre peau – et juste d’être. »
Elle continue : « Faire des reconnaissances de territoire ou hisser quelques drapeaux ne constitue pas une réelle réconciliation. Faire respecter nos droits issus de traités et notre souveraineté; nos droits inhérents […], voilà la réconciliation que nous voulons et méritons, et c’est ce dont nous avons besoin, alors il est important que tous les Canadiens tiennent responsable le Canada quant à l’implémentation des Appels à l’action dans l’esprit de la vérité et la réconciliation. »
Malgré les conflits et les traumatismes, « il y avait aussi de très belles choses, » souligne Tara, se souvenant d’événements vécus sur le terrain avec son peuple, comme les chants et le tambour, le sens de communauté et d’entraide, et l’aspect réel de cérémonie autochtone.
« Nous avons des protocoles sur la résistance pacifique et principalement, sur le terrain, c’est la cérémonie avant tout, » note Dorene. « Nous partageons ces terres et nous devons faire ceci ensemble, d’une bonne manière pacifique, pour montrer à nos enfants qui nous sommes et que nous voulons nous faire respecter, et que nous avons des droits – des droits de la personne, mais aussi des droits comme Autochtones. »
En réponse aux questions sur ce qui peut être fait, surtout par la population non autochtone, une réponse récurrente était de continuer d’appuyer, et d’encourager plus d’éducation et de compréhension. Il faut écrire des lettres et communiquer avec les leaders et les éducateurs pour demander plus d’éducation sur les droits des Autochtones et les traités, pour aider la population à comprendre ceux-ci, et les responsabilités qui en découlent. C’est revenu à plusieurs reprises qu’il est crucial d'éduquer les gens pour une meilleure compréhension.
« Je pense que ça commence avec l’éducation sur les traités, car ça couvre tout, y compris notre droit d’exister, notre droit de vivre et avec dignité sur nos propres territoires et ses ressources. Nous partageons – les traités de paix et d’amitié partagent –, mais jamais cela ne nous empêchait d’exercer nos droits, notre droit à nos propres terres. Nous n’avons jamais cédé notre territoire, nous n’avons jamais vendu notre territoire – ça a toujours fait partie de qui nous sommes – et je crois que c’est ce type d’éducation qu’on doit avancer pour nous comprendre, » exprime l’Aînée Bernard.Un enregistrement de la pleine discussion (en anglais) peut être visionné ici : https://youtu.be/_dVBqIoog2I
Voir plus d’information sur les participantes et modératrices dans l’affiche PDF trouvée ici.
Quelques ressources :
Traités et ententes au Canada
Commission de vérité et réconciliation du Canada : Appels à l’action
Centre national de la vérité et réconciliation
Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones
Rapport de la Commission royale sur les peuples autochtones